François Pinault et Bernard-Henri Lévy
Leur lien fort passe d’abord par le père de Bernard-Henri Lévy, André Lévy, qui fut, longtemps, le rival de François Pinault. Puis, à partir de 1985, son associé et son ami.
Quand Bernard-Henri Lévy entreprit, en pleine guerre de Bosnie, de réaliser son film Bosna !, François Pinault accepta, de s’associer à André Lévy, pour produire ce film à tous égards risqué.
Après la mort d’André Lévy enfin, en novembre 1995, c’est François Pinault qui reprit, seul, sans son ami disparu, la production du second film de BHL, Le Jour et la Nuit.
En 2009 Pinault et BHL restent associés dans la structure de production créée à l’époque de Bosna ! et qui s’appelle Les Films du lendemain.
Ils parlent, ensemble, cinéma. Ils parlent art contemporain. C’est François Pinault qui a présenté à Bernard-Henri Lévy l’artiste italien, Francesco Vezzoli, qui a fait de lui et de Sharon Stone deux vrais-faux candidats à l’élection présidentielle américaine pour une œuvre présentée à la Biennale de Venise en 2007.
François Pinault soutient Bernard-Henri Lévy dans ses entreprises humanitaires. Il aide SOS Racisme, par exemple, à l’été 1997, à la demande de Lévy. Il finance, à sa demande toujours, la protection de Salman Rushdie lorsque celui-ci vient, invité par Lévy, à Paris. Il soutient, lors de son passage à Paris, en 1994, l’écrivaine bengalaise poursuivie par les intégristes du Bangladesh,Taslima Nasreen. Et ainsi de suite.
Une belle histoire d’amitié, de transmission d’amitié, de fidélité.
François Pinault à propos de Bernard-Henri Lévy
Je le considère comme mon fils. Parce que, peut-être que pour lui je suis un peu ce que représentait André Lévy, je ne sais pas. Mais moi je le considère comme mon fils, c’est exact. Et j’ai pour lui une immense affection.
Novembre 2008, au micro de Mireille Dumas dans l’émission « Vie privée, vie publique » consacrée à Bernard-Henri Lévy.
Bernard-Henri Lévy est un ami. Il est pour moi un confident, il est pour moi un conseiller. C’est presque un fils. Pour Bernard-Henri, je représente un peu ce qu’a été son père. Bernard, je sais que notre amitié qui dure depuis des années est une amitié forte.
France 2, émission de Michel Drucker, « Vivement Dimanche », 11 novembre 2001.
Bernard-Henri Lévy à propos de François Pinault
Interrogé pour la énième fois – aujourd’hui, un journal américain – sur mon amitié avec François Pinault. C’est drôle comme cette amitié intrigue et comme ce type de journaliste a du mal à admettre qu’un intellectuel et un patron, un écrivain et un bâtisseur d’empire, puissent avoir, comment dire ? des choses à se raconter… J’essaie, en l’occurrence, d’expliquer que le bâtisseur en question est surtout un personnage atypique, passablement irrégulier, dont je ne suis pas du tout certain, par exemple, qu’il soit mû par le goût de l’argent ou du pouvoir.
Le Point, 17 janvier 2007.
Né, non pas une, mais plusieurs fois dans la même vie. Au moins deux. Peut-être trois. Fils de lui-même, en quelque sorte. Enfant de ses œuvres propres autant que les ayant enfantées – j’en connais un autre, qui fut son rival, puis son ami et dont le souvenir chéri me lie, à jamais, à lui. Et pour cela, pour cette inappartenance caractéristique des vrais héros de roman, pour cette habitude, très tôt prise, de ne tenir que de soi la justification de ce que l’on est et de ce que l’on peut, pour tout cela, oui, prédestiné à la folle aventure qu’est la collection d’art contemporain installée au Palazzo Grassi, bientôt à la Douane de Mer, et, en tous les sens du terme, sans exemple ni précédent.
Challenges, 12 novembre 2007.
Qu’est-ce qu’un musée ? Un lieu où, comme on sait depuis Vivant Denon, on fait du temps avec de l’espace. Un lieu où, quand on va d’une salle à la suivante, quand on emprunte, dans l’ordre ou le désordre, les chemins imaginaires voulus par le collectionneur, on ne va pas d’un point à un autre, mais d’un âge à un âge plus ancien. Un lieu hanté. Un carrousel de spectres. François Pinault, lors de l’ouverture, il y a deux ans, du Palazzo Grassi, exposait son propre crâne radiographié par Piotr Uklanski. Ici, à la Douane de mer, il donne à voir les fantômes qui y faisaient tempête. Le Carpaccio des 10 000 crucifixions sur le mont Ararat, ressuscité par les frères Chapman dans leur évocation d’Auschwitz et du nazisme. Les bas-reliefs mésopotamiens lisibles dans l’ombre du « Light from the Left » de Charles Ray. Ou l’Autoportrait de Rudolf Stingel qui rappelle un Véronèse.
Le Point, 11 juin 2009.
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