C

Jean-Marie Colombani

Par Liliane Lazar

Si BHL a été un grand reporter du « Monde », son directeur Jean-Marie Colombani voyait un lui un intellectuel qui ne « s’est pas ou peu trompé ».

Jean-Marie Colombani dans son bureau au journal "Le Monde".
Jean-Marie Colombani. ©Eric Legouhy

Jean-Marie Colombani et Bernard-Henri Lévy

En 1997, au lendemain de son film Le Jour et la Nuit, et alors que Bernard-Henri Lévy se trouve en difficulté, c’est Jean-Marie Colombani qui lui offre de collaborer au Monde en donnant, au rythme qu’il voudra, et selon son inspiration, des « grands reportages ». L’idée, pour Jean-Marie Colombani, est d’ajouter son nom à la liste de grandes signatures qu’il associe alors au Monde et qui compte déjà des noms aussi différents que ceux d’Alexandre Adler, Jean-Claude Casanova ou Philippe Sollers. Pour Bernard-Henri Lévy, l’enjeu est de mettre ses pas dans ceux d’aînés qu’il admire : Joseph Kessel, André Malraux, Curzio Malaparte. Suivront deux reportages sur l’Algérie. Une autre série sur l’Allemagne. Puis la rencontre-portrait avec Massoud de 1998. La longue série sur les « guerres oubliées » qui sera reprise et amplifiée dans Réflexions sur la guerre, le Mal et la Fin de l’Histoire. Le reportage sur la frontière nord d’Israël au premier jour de la guerre du Liban. D’autres textes encore, qui font, aujourd’hui, partie intégrante de l’œuvre de Lévy. A noter que, quand Pierre Péan et Philippe Cohen publieront leur livre à charge, La Face cachée du Monde, Bernard-Henri Lévy volera au secours de son ami en donnant à La Règle du Jeu une longue analyse sur les enjeux de cette polémique. Quand, fin 2009, Bernard-Henri Lévy quitte El Mundo pour rejoindre El Pais, il semble que ce soit Jean-Marie Colombani qui fasse se rencontrer Bernard-Henri Lévy et Jose-Luis Cebrian, le fondateur du Pais et l’un des artisans les plus glorieux de la transition démocratique en Espagne.

Bernard-Henri Lévy à propos de Jean-Marie Colombani

Il fallait un romancier pour raconteur tout cela. Jean-Marie Colombani est, dans ce livre, ce romancier.

A propos de Jean-Marie Colombani, Le Résident de la République, article paru dans le JDD du 15 février 1998.

L’on ne saurait être à la fois patron d’un groupe médiatique et directeur de la rédaction ? Quelle erreur ! Colombani réussit au contraire très bien cette combinaison. Est-ce que ce n’est pas, d’ailleurs, l’esprit du Monde ? N’est-ce pas, sinon le secret, du moins l’un des secrets, à la fois de son indépendance, et de son succès toujours pas démenti ? Et est-ce qu’il n’est pas surtout, non seulement normal, mais inévitable que l’homme qui a fabriqué le groupe en question en ait la pleine charge ?

Entretien avec Olivier Bouchara, Médias, avril 2006.

C’est rare un article qui fait date. Or c’est le cas du « Tous Américains » que publia Colombani au lendemain de l’attaque contre les Twin Towers. Il y a eu, dans le débat intellectuel français, un avant et un après cet article.

National Public Radio, Michael Feldman’s Whad’Ya Know?, 4 mars 2006.

Jean-Marie Colombani à propos de Bernard-Henri Lévy

Tout bien considéré, vous n’avez jamais soutenu, depuis votre apparition médiatique, une seule mauvaise cause.

De la France en général et de ses dirigeants en particulier, Plon, 1995, p 143.

Bien peu peuvent se prévaloir du palmarès d’engagement qui est le vôtre, et qui est largement comparable, et certainement moins contestable, que ceux des Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, ou le Régis Debray d’il y a vingt ans.

Idem, p. 145.

C’est quelqu’un qui est à part, par la force de sa personnalité et de son caractère. Moi, c’est quelqu’un qui me frappe par son extraordinaire courage. […] C’est quelqu’un qui a une valeur inestimable parce que, au contraire de beaucoup de ses confrères intellectuels, il ne s’est pas ou peu trompé.

Extrait de l’émission « Vivement dimanche » de Michel Drucker, France 2, 11 novembre 2001.


Autres contenus sur ces thèmes