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Michel Foucault

Par Liliane Lazar

BHL et Michel Foucault se sont connus. Récit en citations de l’influence du « très grand philosophe » sur l’auteur des « Aventures de la liberté ».

Michel Foucault et BHL dialoguent autour d'une table. Michel Foucault est de dos, Benard-Henri Lévy qui fume une cigarette est de face.
Entretien entre Michel Foucault et BHL en 1977. ©Michèle Bancilhon.

Michel Foucault et Bernard-Henri Lévy

Il y a peu de livres de Bernard-Henri Lévy où il ne soit pas question de Michel Foucault, « un grand, très grand philosophe » selon lui, un philosophe en tout cas qui « recommandait de se servir de ses livres comme de vulgaires boîtes à outils » (Les Aventures de la liberté), ce que ne s’est pas privée de faire la génération de Lévy, et notamment les étudiants en révolte de Mai 68. À la question de savoir quel fut le bilan du structuralisme, et surtout celui de l’antihumanisme, Lévy a répondu que l’un comme l’autre avaient encouragé les disciples de Sartre (un faux humaniste, selon BHL), de Foucault, d’Althusser ou de Lacan à « donner le coup de boutoir à la citadelle marxiste » (Idem). Mais Bernard-Henri Lévy comprenait mal que ces mêmes Sartre, Foucault ou Althusser, quand ils n’aimèrent plus l’URSS, puissent adhérer soit au rêve cubain de Fidel Castro, soit à la révolution de Khomeiny, soit – pire encore – à la folie de « pureté » de Pol-Pot. Foucault lui avoua, un jour de 1977, que c’était « »a désirabilité même de la révolution » qui, au moment, selon lui, « faisait problème » (Idem). Lévy considéra par ailleurs Foucault comme un admirable « journaliste transcendantal », l’expression est de Maurice Clavel, de l’Histoire au présent.

Bernard-Henri Lévy à propos de Michel Foucault

« Foucault fut, plus que quiconque, attaché à disperser, disloquer, ce qu’il se refusa toujours à appeler son œuvre. Il fut, par excellence, un philosophe nomade, en transit perpétuel entre plusieurs identités et écrivant pour, disait-il, n’avoir surtout plus de visage : “ne me demandez pas qui je suis et ne me dites pas de rester le même ; c’est une morale d’état civil ; elle régit nos papiers ; qu’elle nous laisse libres quand il s’agit d’écrire…” (dans L’Archéologie du savoir) Mais enfin il y a un Foucault, celui de l’après-Mai 1968, du Groupe information prisons et des “enquêtes-intolérance” du début des années 70, le Foucault politique et militant, activiste et gauchiste, le Foucault du Corriere della sera auteur, notamment, de la fameuse série d’articles sur la “révolution spirituelle iranienne” – il y a un Foucault dont les positions théoriques sont restées, sur dix ou quinze ans, inhabituellement constantes et autour de qui s’est cristallisée une sorte de doxa que je tiens pour constitutive (d’un) journalisme nouveau. »

Réflexions sur la Guerre, le Mal et l’Histoire, précédé de Les Damnés de la guerre, Grasset, 2011, p. 299.


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