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Ségolène Royal

Par Liliane Lazar

BHL a été un soutien fort de Ségolène Royal en 2007, ainsi que l’un des piliers de sa campagne à l’élection présidentielle.

Portrait en couleur de Ségolène Royal
Ségolène Royal. ©DR

Ségolène Royal et Bernard-Henri Lévy

Ami de longue date de Nicolas Sarkozy et, au début, très méfiant à l’endroit de Ségolène Royal (cf. dans Le Parisien du 28 janvier 2007 : « que veut-elle ? quel est son projet ? quelle vision du monde a-t-elle pour traiter avec tant de désinvolture la question de la souveraineté nationale sur la Corse ou pour louer en Chine la rapidité de la justice ? ») Bernard-Henri Lévy a fini par la rejoindre et faire campagne pour elle. Tout a commencé par un dîner au tout début du mois de février 2007, à l’initiative de l’auteur de romans policiers Fred Vargas. D’après La Femme fatale, le livre publié, après l’élection, par Ariane Chemin et Raphaele Bacqué (Albin Michel), Bernard-Henri Lévy « est devenu en quelques semaines l’un des confidents de Ségolène Royal ». Depuis janvier, écrivent-elles, « le philosophe et la candidate se téléphonent plusieurs fois par jour ; avant chaque émission de télévision, elle le consulte ; après chaque meeting, elle l’appelle ; en cas d’urgence et de grosses turbulences dans le ciel de la campagne, il la reçoit à l’improviste chez lui, boulevard Saint-Germain, sur le même trottoir et à quelques numéros de son siège de campagne ». En « quelques mois », ajoutent Ariane Chemin et Raphaele Bacqué, « l’intellectuel a gagné son amitié ; il lui lit de la poésie, il lui envoie la réalisatrice Josée Dayan pour un coup de main sur ses spots de campagne officielle ; il devine les fatigues d’une campagne, les lassitudes, les angoisses, et la complimente gentiment ; n’a-t-il pas vanté, dans une chronique, son “étonnante fraîcheur”, son “long et joli cou” ? un jour, il se permet de lui recommander un chignon, qu’elle porte le lendemain dans le studio d’Europe 1. » Je ne sais si le récit de Ariane Chemin et Raphaele Bacqué est parfaitement exact Mais les livres que publieront, après l’élection, tant Bernard-Henri Lévy que Ségolène Royal corroboreront cette description. Ainsi que l’incroyable article publié le 27 février 2010 par Ségolène Royal, en « Une » du journal Le Monde, et intitulé « BHL, François Mitterrand, la meute et moi ». C’est l’époque où Bernard-Henri Lévy, comme souvent dans sa longue carrière, est victime d’une cabale. Et Ségolène Royal vole à son secours d’une manière à la fois courageuse, efficace, et témoignant d’une grande loyauté.

Ségolène Royal à propos de Bernard-Henri Lévy

J’ai reçu l’appui infiniment précieux d’un philosophe français réputé pourtant lointain de ce que je pouvais représenter. Au début sceptique, il s’est révélé d’une solidité et d’une fidélité à toute épreuve pendant la campagne – et, ce qui est plus rare, après.

Ma plus belle histoire, c’est vous, Grasset, 2007, page 106.

Nous nous retrouvions dans un bar, non loin de mon antenne de campagne, souvent à l’occasion du bouclage des grands discours, ou alors la veille ou le lendemain des grandes émissions. Au total, une bonne dizaine de fois.

Idem.

Le talent, la gaieté, l’intelligence, la gagne, étaient communicatifs et parfois, lorsque la fatigue déformait mes traits et qu’il me répétait sa phrase préférée : « Vous êtes d’une beauté extrême ! », je savais que c’était exagéré. Mais cela me faisait rire et, je l’avoue, ne pouvait pas me faire de mal.

Idem.

Sur la mondialisation, sur la Russie, sur les libertés, sur les génocides, je retrouvais toutes ses analyses, si aiguës et si actuelles, de la barbarie à visage humain.

Idem.

Moi qui connais bien BHL, j’avoue avoir été toujours entraînée par l’ampleur de son érudition, l’élan de ses curiosités et, à chaque fois, son esprit de nuance. Intellectuel « mondain » ? Ou « médiatique » ? Ce n’est pas le Lévy que je connais. Ce n’est pas non plus celui que je retrouve au fil de ma lecture et que je recommande à celles et ceux qui ont envie d’avancer. »

Le Monde, 27 février 2010.

Bernard-Henri Lévy à propos de Ségolène Royal

Le style de Ségolène Royal. Son allure. Cette façon, décidément neuve, de faire de la politique et de le dire. Ce cran. Cette trempe. Cette obstination inentamée qui a eu raison des pièges et embûches venus, comme souvent, de son propre camp.

Le Point, 26 avril 2007.

J’ai aimé, moi, cette dernière image dans ce dernier débat. J’ai aimé la stature qu’elle a prise à cet instant – et la belle droiture qui émanait de son regard et de son port. Elle honorait la gauche, cette droiture. Et elle honorait la France.

Le Point, 10 Mai 2007.

Un jour, mais dans longtemps, je dirai le trouble qui me gagna dans les deux ou trois circonstances où m’apparut l’extrême solitude de cette femme, et son courage dans cette solitude : le regard qui se voile dans ces moments ; la voix qui devient plus sourde, presque sans timbre ; et le sentiment d’être en face, non plus de la rivale heureuse de Fabius et de Jospin, non plus de l’héritière de Mitterrand et de Blum, mais d’un être humain, juste d’un être humain, d’une femme qui voit sa vie changer et qui souffre, d’un masque politique qui, l’espace d’une seconde, ne parvient plus à cacher le tremblement de l’âme.

Ce Grand cadavre à la renverse, Grasset, 2007.

Ségolène Royal m’est très vite apparue comme un beau personnage, séduisant, passionnant et me fournissant un matériel romanesque considérable.

Conversation avec Anaëlle Lebovits et Deborah Guterman, Le Diable Probablement, printemps 2009.


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