« Tous les gens de ma génération comprennent que nous sommes en Europe, pas seulement géographiquement mais dans l’esprit. » L’homme qui apparaît à l’écran dans Pourquoi l’Ukraine, le nouveau film de Bernard-Henri Lévy, est Volodymyr Zelensky. La scène se passe dans un restaurant de Kiev en 2019, peu avant l’élection à la présidence du pays de celui qui s’affirmera comme le héros de la résistance ukrainienne. Face à lui, le philosophe et cinéaste français l’interroge sur Poutine, « l’autre Vladimir », avec à la clé cette réponse saisissante de Zelensky : « Les grands hommes cherchent la paix, les faibles mènent à la guerre. »

L’horreur doit être regardée en face

C’est justement au cœur de la guerre, suite à l’invasion russe du 24 février dernier, que BHL s’est rendu. Au fil de son saisissant reportage au long cours achevé le 10 juin, la résistance de tout un peuple apparaît. Une résistance mise en perspective grâce à des images tournées lors des précédents voyages de l’écrivain. En particulier lors de la révolution de Maïdan, en 2014, dans laquelle il s’impliqua avec passion. De quoi bien comprendre l’engrenage qui a mené à la tragédie actuelle.

Engrenage qui a conduit aux atrocités commises notamment à Boutcha. Ville martyre dans laquelle BHL se rend pour se mettre à l’écoute des survivants. À l’image de Natalia, qui a passé les six semaines de l’occupation cachée dans un conteneur. Cela pendant que sa maison était transformée en centre de commandement russe.

« Armée de lâches »

Olga, elle, raconte comment un sniper a tiré sur son voisin : « Il était sur son balcon, la balle lui a traversé le cou. » Les corps et les visages des victimes tuées sont montrés à l’écran: l’horreur doit être regardée en face. « On ne sort pas indemne de Boutcha. Comme à Oradour-sur-Glane, comme à Srebrenica, une armée de lâches s’est vengée de la résistance des forces ukrainiennes en s’en prenant à des civils », glisse le philosophe en voix off.

Un philosophe d’action que l’on suit non loin de Zaporijjia, là où se réfugient les survivants de Marioupol, à la rencontre de combattants avec lesquels il bivouaque. Puis, sur le front sud de Petropavlivka, le réalisateur se faufile dans les tranchées fraîchement creusées par les résistants. Là, il constate et s’insurge du manque patent d’armes. « Il faut armer ce peuple (…). Il faut que le monde soit jusqu’au bout au rendez-vous du courage et de l’honneur que lui ont fixé les Ukrainiens. Leur guerre est notre guerre », alerte inlassablement BHL.


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