Sur les premières images, un homme court vers le sommet d’une colline. Un cameraman le poursuit. Il crie son nom. On sent la tension. Soudain, une déflagration. Un nuage de poussière. L’homme qui courait en émerge, la tête ensanglantée. Son ami le rejoint, l’aide à se relever. Il le repousse. Encore groggy, il veut déjà repartir au combat.

Bienvenue dans l’univers de Peshmerga, ces combattants kurdes en lutte contre l’État islamique. Pendant six mois, Bernard-Henri Lévy les a suivis le long de la ligne de front irakienne. Détachant les mots – ses bombes à lui – il commente les opérations en voix off. La guerre, c’est comme le cinéma. On attend beaucoup, on a le trac, il faut savoir tenir son rôle. Parfois l’action s’accélère. L’ennemi est réel. On ne le voit pas. On l’entend, le devine, le redoute. La caméra scrute les visages ; ce sont ceux de jeunes hommes déterminés. Des gueules. Un général aux cheveux blancs a l’allure d’un héros. Une balle le frappera en pleine tête. Pas de happy end.

BHL est des leurs. Il les accompagne, les soutient, les admire. Le rythme est haletant, les explications simples, certaines images à couper le souffle. Ces soldats de l’indépendance sont les derniers remparts face à la barbarie. Ils sont la vision, lumineuse, presque idyllique, d’un islam tolérant. Des femmes se battent à leur côté. Les intégristes de l’État islamique les craignent plus que tout. Elles leur couperont la route du paradis. L’une d’entre elles est rousse. C’est une chanteuse célèbre. On croise des compagnons de route : un prêtre au doux sourire qui déclame « Je vous salue Marie » en araméen. Un homme se souvient que des Juifs vécurent ici. Les peshmergas sont le dernier trait d’union entre les religions. Le réalisateur leur tend la main. Un drone survole Mossoul, pas encore libérée. Étrangement calme. They Forgot to Die, chante Nicolas Ker. Ne les oublions pas, nous dit avec justesse Bernard-Henri Lévy.


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