L’Amérique nagerait dans le bonheur. Kerry serait président. On arriverait dans les aéroports à la dernière minute et le taux moyen de paranoïa serait sensiblement plus bas. L’Iran parlerait moins haut. Daniel Pearl serait en vie. Francis Fukuyama l’aurait définitivement emporté sur Samuel Huntington qui passerait, presque partout, pour le crypto-fasciste qu’il est. L’Histoire serait finie. La semaine aurait sept dimanches. Les écrivains écriraient des romans. Les philosophes, des livres de philosophie. La Bourse monterait au ciel et le pétrole vaudrait vingt dollars. Castro serait toujours le diable. Oliver Stone aurait fait un film sur Saddam Hussein. Les nantis seraient plus cool et se soucieraient plus de la pauvreté des pays pauvres. J’aurais écrit le tome deux de mon livre sur les « guerres oubliées ». Je n’aurais pas interrompu mes vacances à Saint-Paul-de-Vence pour faire un reportage sur Israël en guerre. Les Palestiniens auraient un Etat. Les musulmans modérés feraient taire les islamistes. L’Amérique serait moins religieuse (Dieu nous protège !). La France moins antiaméricaine (ces salauds de Yankees ripostent trop fort, ils menacent la paix du monde !). On aura compris qu’un monde sans 11 Septembre est devenu une contradiction dans les termes.


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