Face à un cataclysme comme celui du 7 octobre, aussi terrible, impensable, tragique ; face à l’injustice dont on accable la victime, Israël, plutôt que le coupable, le Hamas ; face à cette folie pure qui s’empare du monde, nourrie à coup de chiffres par l’assassin lui-même, des questions taraudent : suis-je seul à voir qu’un piège exécrable tendu par des terroristes, financé et/ou soutenu, par l’Iran, la Turquie, la Russie, la Chine, les partisans du djihadisme sunnite, dénoncé par l’Autorité palestinienne elle-même, est en train de se refermer sur nous tous ? Comment des gens sensés, intelligents, des démocrates, des journalistes, des femmes et hommes politiques peuvent-ils à ce point ne rien comprendre à ce qui est en train de se jouer ? Comment expliquer leur cécité contagieuse et leurs attaques permanentes ? Est-ce donc cela, la Solitude ? Celle d’Israël et la nôtre, ahuris et impuissants face à l’hystérie collective en roue libre, à la flambée d’antisémitisme et de haine qui l’accompagne ?
La réponse est oui, et Bernard-Henri Lévy, qui sait sans doute plus que tout autre de quoi cette solitude est le nom, monte au créneau en signant Solitude d’Israël. Le titre dit tout, racontant à lui seul une histoire millénaire et réveillant par-là les siècles les douleurs, les peurs, les drames et les prières du peuple juif.
Dans cet essai, direct, courageux, le philosophe rappelle que Gaza n’est pas « occupé » depuis quinze ans, sauf par le Hamas. Il remet en contexte, argumente, analyse, expose dates et faits ; détricote des contre-vérités historiques rabâchées comme des gimmicks et déversées sur les réseaux sociaux : non, Israël n’est pas un fait colonial, ni une société d’apartheid.
Bernard-Henri Lévy explique en quoi cet événement fut pour « Israël un moment de vertige et pour les Juifs du reste du monde, une plongée dans un abîme inconnu » car, écrit-il, le 7 octobre est la preuve qu’il n’existe plus de lieu où les Juifs sont à l’abri et peuvent « habiter paisiblement le monde ».
Le constat est sans appel, et d’autant plus terrible que le pogrom perpétré et filmé par les terroristes palestiniens est, moins de six mois après les faits, relégué aux oubliettes de l’histoire. Le Hamas a déclenché un piège parfait car, après l’horreur du sang israélien, le sans palestinien. Pas d’abris pour le peuple de Gaza, le Hamas l’interdit car plus il y aura de morts palestiniens, plus Israël sera détesté, honni, haï. Ce sera lui le grand coupable, le génocidaire. Bernard-Henri Lévy l’affirme : « La mort des civils de Gaza n’est pas un massacre. C’est encore moins un génocide. Et prétendre le contraire, confondre les soldats de Tsahal avec des nazis éduqués à la pure haine et anéantissement des populations désarmées […] c’est un outrage aux victimes d’hier, un affront à celles d’aujourd’hui, un cadeau fait aux tueurs d’enfants du Hamas et un ajout au malheur du monde. »
Cette guerre est pour Israël une guerre de survie. L’auteur rappelle qu’à chaque affrontement, critiques et solitude étaient au rendez-vous mais que, cette fois, toutes les limites sont dépassées. De Judith Butler la papesse wokiste, pour qui le pogrom du Hamas est « un acte de résistance », à Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, qui affirme que cette attaque ne s’est pas produit « dans le vide » et doit se comprendre dans un contexte « d’occupation suffocante » subie par le peuple de Gaza. Bernard-Henri Lévy dénonce avec force les ONG absentes (Amnesty International, la Croix-Rouge), et la coupable UNRWA dont « on sait désormais qu’elle a été partie prenante au crime ». Il s’insurge contre le « cessez-le-feu réclamé à cor et à cri par 82% des États de la planète », qui exigent d’Israël « ce qu’ils n’ont jamais demandé à aucun autre État, agressé et menacé d’être détruit ». « A-t-on proposé la paix à Daesh ? fait Munich avec Al-Qaïda ? », interroge Bernard-Henri Lévy. Dans cet essai, on croise Gershom Scholem, Emmanuel Levinas, Claude Lanzmann… mais aussi Amalek, le plus vieil ennemi des juifs et avec lui l’antisémitisme qui renaît des profondeurs de l’histoire. Cette solitude d’Israël, Bernard-Henri Lévy la porte à bout de plume, et démontre que cette guerre est une guerre juste pour que s’arrêtent les guerres. S’exprime alors l’âme juive, voix de tous ceux qu’on n’entend pas : « la parole des dissidents et des Ouïghours chinois ; des blogueurs intrépides, des autocraties arabo-musulmanes ; des militants de la cause arménienne qui n’en peuvent plus, à Istanbul, d’Erdogan et de ses contes de grand Turc ; des âmes fortes du Kurdistan ; des insurgées qui, en Iran, continuent de crier “femme, vie, liberté” ; des opposants que Poutine déporte, condamne à l’exil intérieur, assassine, et, peut-être malgré lui et sûrement malgré eux, des Palestiniens en révolte silencieuse contre la dictature hamassiste. »
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