C’est une alerte qui se fait entendre au milieu du vacarme et qui rompt un silence gêné. C’est un cri, un murmure, un songe. Une enquête. Un coup de tête aussi :
Solitude d’Israël, le nouveau livre de Bernard-Henri Lévy est publié aujourd’hui.
Solitude d’Israël, solitude de cet État attrait dans une guerre qu’il ne peut pas perdre et qu’il ne peut pas gagner. La faute à ce procès truqué et tronqué où il est l’éternel accusé et l’éternel coupable devant la justice internationale, où même la vérité la plus évidente est niée : celle d’un pogrom en mondovision, celle du plus grand massacre de Juifs depuis la Shoah, celle de la plus grande prise d’otages connue et qui a plongé Israël, contraint et forcé, dans les contrées de Gaza pour défaire le Hamas et libérer les otages.
Solitude absolue. Abominable. Tout était prêt et prévu. BHL, enquêteur minutieux, expose les dates des réunions à Beyrouth, pas si secrètes, où, sous les auspices iraniennes et avec l’aide du parrain russe et de l’ami Turc, le Hamas s’est armé, et a même fait mine de s’adoucir pour mieux attaquer Israël de la manière la plus vile qui soit au jour et à l’heure d’un shabbat de fête.
Solitude d’Israël, solitude éternelle biblique, rappelle le philosophe. Dérilection et Bénédiction du Peuple Monde. Celle d’être condamné à dire la justice et à subir l’injustice.
Derrière, pointe une figure romanesque qui n’est pas évoquée et qui pourtant fait tant penser à l’auteur.
Solal. Solal bien sûr.
Personnage solaire et solitaire s’il en est. Derrière la solitude d’Israël il faut aussi lire en filigrane celle de Solal/Bernard-Henri Lévy, tant il est vrai qu’il est loin de recevoir, dès lors que c’est de lui dont il s’agit, les manifestations de solidarité dont il gratifie l’univers entier au moindre danger. Au chevet de toutes les blessures mais témoin muet de sa propre souffrance, voilà le destin singulier de l’auteur et de son sujet.
Et puis il y a une autre solitude d’Israël. La solitude d’Israël qui n’est pas la solitude d’Israël. Mais celle de tous ses fils et filles. Notre solitude dès lors que nous rappelons des faits et des dates, des visages et des noms qui sont ceux des victimes du 7 octobre. Nous voici de ce seul fait accusés, acculés, attaqués, et, pour finir, expulsés des amphithéâtres indignés comme des cortèges plus antisionistes que féministes.
La solitude continue d’Israël, qui s’est abattue après la tuerie d’Ozar Hatorah, après l’assassinat de Mireille Knoll ou de Sarah Halimi, continue même et surtout après le 7 octobre. La solitude d’Israël continue même et surtout, auprès de ceux qui ne sont pas Israéliens !
« C’est une nuit qui commence où il n’y a plus ni grands ni petits juifs, ni juifs de l’étude ni juifs du siècle, ni juifs de la politique, ni juifs du journalisme, ni juifs de l’art, de la philosophie, du petit et du grand commerce, de la médecine, du prétoire – mais, seulement, des juifs, c’est-à-dire des coupables », écrit BHL après ce 7 octobre.
Pourtant ce magnifique ouvrage brise la conjuration qu’il énonce à l’orée de la fête de Pourim, il opère le retournement du sort libérateur. Nous voici tout d’un coup beaucoup moins seuls et mieux compris : assurément pour se délivrer de la solitude d’Israël, il faut lire la Solitude d’Israël !
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